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La banque de demain : vers davantage de digitalisation, d’ouverture et de responsabilité

La banque de demain vers davantage de digitalisation, d’ouverture et de responsabilité
17 juin 2022
Banque et finance

A l’heure où la révolution technologique et la crise sanitaire ont profondément métamorphosé l’ensemble des pans de l’économie, de nouvelles tendances bancaires ont émergé avec une intensité et une rapidité inattendues. Face à ces nouveaux usages, le secteur bancaire doit répondre à de nouveaux enjeux, l’incitant à se tourner vers un modèle plus ouvert et plus collaboratif, notamment entre les acteurs historiques et les nouveaux entrants.

À travers l’intelligence artificielle, le video-banking, le Big Data ou encore la blockchain, les banques et établissements financiers peuvent tirer profit de la technologie pour répondre à des attentes fortes des clients bancaires en termes de fonctionnalités, de sécurité et de responsabilité. C’est également la clé pour proposer des services et une relation bancaire « sur-mesure ».

“68% des clients bancaires interrogés pensent que l’intelligence artificielle peut remplacer le conseiller pour des opérations courantes“

Arrivés sur le marché américain, puis progressivement en Europe avec des sociétés comme Linxo, Bankin ou Budget Insight, l’agrégation et le partage de données bancaires se sont développés dans le paysage bancaire. La directive européenne sur les données de paiements (DSP2) mise en place en 2018, a permis d’entériner ce phénomène et légitimer l’existence des nouveaux acteurs tels que les prestataires de paiement et les fintechs, en leur imposant un cadre réglementaire.

La révolution de l'Open Banking ne fait donc que débuter. En effet, ce grand changement apporte énormément de nouvelles opportunités avec l’apparition de plateformes « tout en un » permettant un regroupement de toutes les données bancaires, mais aussi financières (investissements, prêts, plans de retraite, etc.). L’obtention de crédit et l’accès à certains produits financiers vont également pouvoir s’étendre pour des particuliers et entreprises auparavant exclus.

Nous pouvons notamment citer la start-up française Rollee qui vise à faciliter l’inclusion bancaire des travailleurs indépendants grâce à l’Open Banking. Enfin, la mise à disposition des données bancaires de manière standardisée va permettre à l’IA de se démocratiser avec l’utilisation de robots-conseillers dans le cadre de la gestion bancaire, mais aussi sur des aspects financiers et de gestion du patrimoine. Dans une étude sur les usages bancaires menée par mc2i en ce début d’année, 68% des clients interrogés pensaient que l’intelligence artificielle pouvait remplacer le conseiller pour des opérations simples. Respectivement 39% d’entre eux étaient favorables à l’utilisation de l’IA pour souscrire à de nouveaux produits, et 27% pour recevoir des conseils financiers. Ces chiffres illustrent bien le démarrage d'une réelle tendance en ce sens.

"Plus de 80 % des prestataires de services financiers réglementés s'attendent à une croissance du marché global des Bank As a Service (BaaS)"

Dans ce contexte, quel rôle va-t-il alors subsister pour les banques dans la chaîne de valeur ? Finalement, la relation entre banques traditionnelles et fintech ne doit pas être appréhendée comme une compétition manichéenne, mais plutôt comme une « coopétition ». En effet, avec des relations en écosystème et l’APIsation du marché, les forces de chacun vont pouvoir être additionnées au profit de la diversité de l’offre proposée aux clients finaux. Grâce à une architecture inter-applicative qui aide les différents systèmes à communiquer, des packages de services digitaux plus poussés et plus personnalisés vont pouvoir être mis au point. Les services bancaires vont alors pouvoir s’imbriquer plus facilement avec les services du quotidien. C’est là que réside tout l’intérêt du modèle Banking-as-a-Service (BaaS). Il est important de souligner que les banques restent un acteur indispensable dans les différentes transactions et la confiance des échanges. Elles assument aussi encore très majoritairement les missions de crédit et d’épargne, bien que certaines offres de BaaS commencent à émerger comme celle proposée par Younited Crédit. En revanche, pour rester incontournables, les banques doivent identifier leurs clientèles cibles et leurs forces dans cette nouvelle chaîne de valeur du Banking-as-a-Service. Cela implique d’aller à la rencontre des acteurs de l’écosystème bancaire et d’innover en étroite collaboration avec eux. Banques et fintechs peuvent alors nouer des partenariats pour proposer de nouveaux services innovants et ainsi actionner des leviers en termes d’acquisition et de fidélisation des clients. Cet enjeu, les acteurs historiques l’ont bien compris et l’on peut noter certaines acquisitions comme celle de Treezor par la Société Générale ou encore SFPMEI racheté par le Crédit Agricole en ce début d’année. Un moyen également pour ces banques traditionnelles de développer leur offre et de nouvelles sources de revenus, tout en se rapprochant encore plus de l'écosystème fintech. Le rapport de Finastra intitulé "Banking-as-a-Service : Outlook 2022" qui a permis de sonder 1600 cadres supérieurs du secteur, met également en lumière cet engouement indiscutable : « plus de 80 % des prestataires de services financiers réglementés s'attendent à une croissance du marché global des BaaS. Parmi eux, 30 % prévoient une croissance de plus de 50 % par an au cours des cinq prochaines années ». On peut également lire que « BaaS représente une opportunité de 7 000 milliards de dollars ». Nous ne sommes donc toujours qu’au début d’un véritable bouleversement dans le milieu bancaire qui va continuer son accélération dans les années à venir.

“78% des clients bancaires interrogés estiment que le fait que leur future banque héberge ses données sur des serveurs basés en France et protégés est un critère important dans le choix de leur banque”

L’ouverture de la data permet également aux acteurs bancaires de répondre à des exigences poussées de la part des clients, notamment en termes de sécurité. Elle constitue l’un des 3 critères les plus importants pour 86% des clients interrogés dans le cadre de l’étude bancaire 2022 menée par mc2i. Le partage des données entraîne par rebond un renforcement de leur sécurisation. D’abord parce que toutes les opérations menées sur les données nécessitent dorénavant une approbation client. Ensuite parce que les banques et acteurs financiers ont dû consolider leurs stratégies de cybersécurité afin de pouvoir ouvrir leurs systèmes d’information sans risque d’exposition accru aux failles et menaces extérieures. Enfin, l’open banking réduit le risque de fraude et rend le traitement automatique des données plus fiable et plus rapide. L’expérience client est alors bien plus fluide et moins contraignante lors d’une ouverture de compte ou une demande de prêt en ligne par exemple. L’étude du cabinet mc2i montre également que 78% des interrogés estiment que le fait que leur future banque héberge ses données sur des serveurs basés en France et protégés est un critère important dans le choix de cette dernière. Cela met en exergue une réelle conscience des enjeux de sécurité de la part des clients bancaires, ainsi qu’une volonté de souveraineté numérique. Le "Made in France" ne s'applique donc désormais pas uniquement aux secteurs de l'agroalimentaire et du textile, mais aussi au monde du digital. La souveraineté des données devient par conséquent un enjeu crucial de sécurité et d’acquisition de nouveaux clients.

“49% des clients bancaires pensent que l’environnement est un critère important dans les décisions en matière d’épargne, alors qu’ils sont 80% à indiquer n’avoir jamais investi dans un produit ISR”

L'open banking s'avère aussi être un outil essentiel pour développer un engagement environnemental et sociétal et adopter un comportement plus durable, que ce soit pour les particuliers ou les entreprises. En intégrant la technologie de l'open banking aux services numériques, les banques et fintechs vont pouvoir continuer de proposer des offres bancaires toujours plus vertes, qu'il s'agisse de souscrire à des produits plus respectueux de l'environnement ou d'investir dans des entreprises durables. Nous pouvons notamment citer des jeunes start-up françaises telles que Helios qui propose des produits d’épargne uniquement responsables, ou la fintech « Aumax pour moi » qui affiche une offre responsable avec le calcul de l’impact carbone de chaque client et un système de cashback caritatif. Ces nouveaux acteurs apportent donc des services très récents et ouvrent un nouveau champ des possibles en matière de responsabilité, d’autant plus que les clients bancaires semblent encore très mal informés quant à cet aspect vis-à-vis de leurs banques. Selon notre étude, 49% des clients bancaires pensent que l’environnement est un critère important dans les décisions en matière d’épargne, alors qu’ils sont 80% à indiquer n’avoir jamais investi dans un produit ISR. Il semble alors primordial pour l’ensemble du panorama bancaire d’allier les forces de chacun des acteurs pour répondre à un enjeu sociétal, aussi important et plébiscité que celui-ci.

“Le Metavers disposant de l’ensemble des caractéristiques d’une économie traditionnelle, avec notamment ses cryptomonnaies et ses actifs financiers virtuels à l’image des NFT, les banques auront pleinement leur rôle à jouer au sein de ce nouvel écosystème”.

Un autre exemple d’innovation au service de l’environnement est la fintech britannique Twig, qui mise sur l’économie circulaire à l’aide d’une infrastructure de paiement green sur le Web3. Les acteurs historiques ne sont pas en reste non plus sur le domaine de la blockchain. Ainsi, le 15 février dernier, la puissante banque américaine JPMorgan a ouvert un salon dans l’un des métavers les plus importants et utilisant la blockchain, la plateforme Decentraland. La banque HSBC a également fait l’acquisition le 16 mars d’une propriété virtuelle dans le métavers, à l’instar de l’achat du distributeur Carrefour. Toujours dans l’objectif d’innover et de saisir de nouvelles opportunités, les acteurs bancaires souhaitent donc par ce biais pouvoir proposer de nouvelles expériences et services à leurs clients actuels et futurs. Le Metavers disposant de l’ensemble des caractéristiques d’une économie traditionnelle, avec notamment ses cryptomonnaies et ses actifs financiers virtuels à l’image des NFT, les banques auront pleinement leur rôle à jouer au sein de ce nouvel écosystème, en apportant notamment leur expertise en termes de gestion des paiements internationaux par exemple.

La Banque de demain sera donc façonnée par des usages émergents et une digitalisation accélérée, qui lui permettra de relever les grands défis du monde de demain et d’aujourd’hui.

 

* Étude mc2i réalisée sur un panel de 1000 clients bancaires français. L’échantillon intérrogé est représentatif de la France et stratifié par région d’habitation, sexe, âge, professions et catégories socioprofessionnelles. Les interviews ont été transmises en auto-administré via un questionnaire en ligne. Les différences significatives ont été calculées lors d’un test statistique comparant les résultats d’une partie des répondants au résultat global.  Ainsi, si les résultats étaient extrapolés, il y aurait 95% de chances d’obtenir les mêmes résultats. A noter également que les résultats cités se basent sur les répondants uniquement.

Infographie mc2i Becoming 2022 nouveaux usages banque finance

Notre infographie complète de l'étude mc2i x Becoming

Découvrez notre infographie exclusive regroupant l'ensemble des résultats de l'étude menée en janvier 2022 avec l’institut d’étude de Becoming, spécialisé sur le secteur bancaire : découvrez en quelques chiffres quels sont les nouveaux usages des clients.

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Julien Robustelli
Senior Partner - Directeur de l'Offre Banque Finance

Le secteur bancaire et financier est caractérisé par la diversité de ses acteurs allant des banques systémiques aux Fintechs et GAFA. Dans ce contexte bouleversé, l’efficience des SI, l’innovation technologique ou encore l’exploitation des données deviennent des clés majeures de réussite.