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Ouverture de la mine de lithium en France : bonne ou mauvaise nouvelle ?

photo d'une mine de lithium
03 février 2023
Technologies & Innovation

Après la découverte d’un gisement majeur de lithium dans l’Allier, l’entreprise française Imerys, premier producteur mondial de minéraux industriels (CA 4,4 milliards en 2021), a annoncé en octobre l’ouverture d’un projet d’exploitation minière.

1 million de tonnes de lithium

Imerys a racheté en 2005 ce site minier exploité depuis longtemps pour l’extraction du kaolin, un matériau utilisé pour la confection du carrelage. Des prélèvements réalisés dans les années 60 avaient révélé la présence de lithium.

Aujourd’hui, le marché mondial du lithium est dominé par 5 entreprises qui représentent 80% de la production mondiale : trois sont américaines et deux sont chinoises. La France importe tout le lithium qu’elle utilise, majoritairement depuis la Chine.

Pourtant, il existe en France plusieurs gisements de lithium non exploités. Le site de Beauvoir dans l’Allier est le premier qui fait l’objet d’un projet d’exploitation. Les relevés effectués y ont révélé une grande quantité de ressources qui pourraient permettre de fournir assez de lithium pour fabriquer 700 000 batteries de véhicules électriques par an pendant 25 ans.

S’émanciper du marché chinois

Alors que la politique française s’oriente vers un objectif d’indépendance économique et que l’Union Européenne a prévu d’interdire la vente de voitures à moteur thermique neuves à partir de 2035, cette nouvelle mine de lithium tombe à pic !

Le volume disponible permettrait à la France de couvrir ses propres besoins et donc de s’émanciper du marché chinois tout en s'affirmant sur le marché mondial du lithium. Avec une valorisation à 50 000 dollars par tonne selon Alessandro Dazza, directeur exécutif d’Imerys, c’est aussi une ressource économique intéressante.

Le groupe Stellantis a déjà manifesté son intérêt pour l’approvisionnement de ses trois usines européennes de batteries, notamment celle des Hauts de France pour “contribuer à la sécurisation de l’approvisionnement en lithium”, affirme son directeur.

Un projet difficile à mettre en oeuvre

Mais l’annonce du projet a aussi provoqué des mouvements d’opposition dans la région. Les groupes écologistes craignent un impact négatif sur l’environnement car l’exploitation minière est dévastatrice des surfaces naturelles, et très consommatrice d’eau. Or la région Auvergne est touchée par la sécheresse depuis quelques années, et Imerys n’a pas précisé la quantité d’eau qui sera utilisée pour extraire le lithium, ni la nature des produits chimiques en jeu.

De nombreux projets d’extraction de lithium ont déjà été avortés, comme en Bretagne il y a quelques mois où les élus et les locaux s’étaient montrés hostiles. Stéphane Le Garrec, le leader du mouvement d’opposition avait annoncé : "Le lithium, on l'utilise tous, qu'on le veuille ou non, mais ce n'est pas une raison pour accepter sans broncher des mines à ciel ouvert qui sont une catastrophe écologique". 

Début 2022, un projet avait aussi été abandonné en Serbie. L’entreprise australienne Rio Tinto avait prévu d'exploiter le plus grand gisement de lithium d’Europe, mais le gouvernement serbe a mis fin au projet à la suite de nombreuses revendications.

Imerys affirme que les méthodes utilisées pour l’extraction seront éthiques

Même si tous les choix technologiques pour l’extraction du minerai ne sont pas encore précisés par Imerys, l’entreprise a déjà affirmé qu’elle prendrait garde à son impact sur l’environnement. Le groupe procède actuellement à des analyses hydrogéologiques et hydrologiques complètes pour estimer tout impact sur la ressource en eau, les populations et l’environnement.

Elle compte creuser des galeries sous la carrière actuelle pour effectuer les prélèvements et le concassage de la roche en profondeur afin de limiter les nuisances sonores et la poussière émise.

Après l’extraction, la roche sera acheminée vers une usine de concentration de la matière pour séparer les différents minéraux les uns des autres, puis, vers une unité de conversion située sur un site industriel dans la région. Le transport ne sera pas effectué en camion mais via des pipelines situés sous les routes déjà existantes ou en train. 

L’exploitation de cette mine serait génératrice d’environ 1 000 emplois directs et indirects dans la région. Si le projet aboutissait, en plus d’une opportunité économique, il représenterait pour la France une augmentation directe de son indépendance énergétique. Il permettrait même de fournir nos pays voisins. En exploitant la ressource sur notre territoire, nous pourrions alors maîtriser les méthodes d’extraction du lithium utilisées pour fabriquer les batteries de nos véhicules électriques.

Le bilan carbone du projet est encore en cours, mais Imerys affirme qu’il sera révélé sous peu. L’ouverture de la mine est envisagée pour 2027.

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Nosing DOEUK
Nosing DOEUK
Senior Partner - Directeur de l'Offre Innovation et Technologies

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